Jeudi 26 avril 2018

L'ANNÉE DE NAISSANCE D'ERNEST ACHERMAN

 Monsieur Denis Langlois ayant eu l'amabilité de m'envoyer une copie complète et lisible du procès-verbal d'audition d'Ernest Acherman, j'ai pu compléter ma transcription de cette pièce du dossier, que l'on peut retrouver sur ma page consacrée au 27 juin 1923.
 J'ai ainsi pu enfin déchiffrer la première adresse d'Acherman à Paris. Ses domiciles successifs (52 rue Richard-Lenoir pour quelques mois en 1920, 16 rue de l'Asile-Popincourt et 30 rue Keller), ainsi que celui de l'un des deux témoins de son mariage de 1920 (Yvonne Dufaux, 16 cité Industrielle), étaient tous situés dans le onzième arrondissement, dans un cercle de 500 mètres de diamètre. Les deux témoins de son mariage de 1932 habitaient également la rue Keller. Seule Marie Quimerc'h vivait dans un autre quartier de la capitale, quand elle n'était que témoin en 1920, mais elle finit par rejoindre ce cercle en épousant Acherman (ou peut-être même bien avant).
 Mais ce qui intrigue le plus, c'est l'année de naissance d'Ernest Acherman, car elle change à chaque fois. Des vérifications d'identité doivent pourtant avoir été effectuées au moment de ses deux mariages et de sa déposition. En 1920, il s'appelle Ackerman et sa date de naissance est le 12 août 1883. Le 27 juin 1923, lors de son audition par le commissaire Vidal, il a 43 ans ; il est donc né en 1879 ou 1880. En 1932, sa date de naissance est le 12 août 1877 et son nom s'écrit désormais Acherman.
 On doit en conclure qu'il a utilisé au moins deux fois des faux papiers.
 La graphie de son nom en 1932 étant conforme à l'enregistrement de sa naturalisation américaine, on peut penser que cette année-là il présente un passeport américain à ce nom et, comme il est beaucoup plus probable qu'il se soit rajeuni en 1920 plutôt que vieilli en 1932, son année de naissance doit être 1877.
 Acherman déclare en 1923 être venu s'installer à Paris courant mars 1920. L'enregistrement de sa naturalisation américaine est daté du 31 mars 1920, et sa résidence indiquée est en Californie. J'avais supposé qu'à l'issue de son séjour au camp américain de Brest, il était retourné aux États-Unis et y avait fait sa demande de naturalisation au titre de son service dans l'armée américaine, mais il est possible qu'il se soit rendu directement de Brest à Paris (peut-être déjà en compagnie de Marie Quimerc'h) et que cette naturalisation ait été le résultat d'une demande déposée longtemps auparavant en Californie, au titre d'un séjour continu de plus de cinq ans. Dès le 10 avril 1920, il s'engage à nouveau dans l'armée américaine, au service des tombes, et en novembre il se dit également entrepreneur.
 En quoi consistaient ses activités d'entrepreneur ? Il semble avoir continué à s'occuper d'achat et de revente d'automobiles américaines, comme à Brest en 1919. Guillaume Seznec lui rend visite à Paris dans ce contexte en août ou septembre 1922 et, dans les premiers mois de 1923, il parle, selon sa femme, de ventes de Cadillac à des Américains. Il vend apparemment également une méthode pour gagner aux courses. Sa solde dans l'armée américaine puis son salaire d'ouvrier chez Renault devaient être très modestes et il cherchait sûrement à arrondir les fins de mois par tous les moyens.


Signatures d'Ernest Acherman sous ses actes de mariage (1920 et 1932)
et sur le procès-verbal d'audition (1923).

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